L'Archiviste

3 janvier 2013

Les pirates, tout un programme ! Les pirates ont toujours étéma gamme préférée de chez LEGO, avec tous ses sous-thèmes : les insulaires, les corsaires, les bluecoats. Ce fut pour doter ces derniers d'un navre exceptionnel que débuta en octobre 2009 la construction d'un vaisseau de second rang sur les plans du capitaine Green-Blue Hair d'Eurobricks, et qui allait devenir la valeur la plus sûre de mes ateliers durant trois années.

Building 2 Etape par étape, brique par brique, la coque du nouveau navire déjà baptisé l'Archiviste, prend une forme qui le caractérisera tout au long de sa carrière. Sur cette photo apparaissent clairement les petites charnières qui, posées sur les plaques lisses, permettent de construire les murailles sur un angle réaliste. La proue et son étrave sont quant à elles déjà bien formées.

Building 3 Le choix de la couleur des batteries est crucial ; ce sera blanc, comme les navires français pendant les guerres napoléoniennes. Ici, les premières herpes sont déjà en place sur l'étrave, et le premier pont de batterie aligne déjà ses 10 canons. Cependant, seul le côté bâbord sera armé, parce que des canons, je n'en ai pas non plus des masses, et les pièces sont d'une longueur problématique.

La cabine du capitaine est déjà prête, avec sa petite chaise rose, sa carte au trésor, et sa lanterne ; il risque d'en avoir besoin, car aucun système d'ouverture n'est prévu sur le premier pont, et à part les fenêtres qui lui font face, le capitaine restera enfermé là aussi longtemps que vivra son navire.

IMGP3024 La coque est pratiquement complète, c'est un 54 canons que voilà ! Ne manquent plus que les sabords et quelques ornements, et le gros oeuvre sera terminé. La principale différence avec les frégates construites par le Capitaine Green-Blue Hair, est que mon navire à deux ponts, est beaucoup plus étroit à hauteur du pavois.

Pour conclure cette série de photos rares sur la construction de l'Archiviste, il faut remarquer que tous les canons sont déjà en place sur la batterie bâbord. Ne reste désormais plus qu'à fermer la proue autour du mât de beaupré, et à poser les mâts. Le pont supérieur est déjà en place, et sera entièrement rénové quelques mois plus tard, après l'expo à la Chapelle des Fougeretz, dès février 2011. Pour l'instant, et au grand désarroi des enfants qui ont la curiosité de regarder par les sabords, l'intérieur du vaisseau est vide, la coque ne contenant que la structure nécessaire à la rigidité du pont et des mâts, mais c'est un détail qui aura de l'importance par la suite. Par ailleurs, sur cette première version de l'Archiviste, les mâts sont encore solidaires de la coque, ce qui s'avérera fatal dès de sa seconde sortie en exposition.

L'Archiviste passe donc par une étape de profonde rénovation qui le voit entièrement démâté et reponté. Les constructions LEGO doivent en effet être pensées en termes de facilité de déplacement, c'est-à-dire qu'ils doivent pour être partiellement démontables pour être chargés plus facilement dans des caisses que l'on transporte entre le plan de travail et le lieu d'exposition ; dans le cas des bateaux, pour limiter les risques de casse, les mâts sont conçus pour être séparés de la coque pendant le transport, et facilement remontables. Cela implique une série de défis techniques qui ne sont pas encore toujours résolus comme il le faudrait : les mâts doivent être aussi rigides que possible sur toute leur longueur, ils doivent prendre racine sous le pont, et les cordages doivent être réduits au maximum afin de simplifier leur installation.

En peu de temps, les évolutions modifient la silhouette de l'Archiviste pour l'amener progressivement à ce à quoi il ressemblera jusqu'à sa fin de carrière : les mâts et la disposition des voiles sont revus, celles-ci sont découpées dans du lin, la lumière est installée dans les cabines du château arrière, alors éclairées par des leds LEGO.

L'ajout de voiles d'appoint dans l'axe de la quille, une nouvelle réduction des cordages, et le hissage d'un pavillon français, inaugurent les dernières modifications formelles de l'Archiviste lors de l'exposition de Parigné-l'Evèque. Le bateau fait alors pour la première fois partie d'une bataille navale animée à l'aide de treuils et de wagonnets motorisés, au cours de laquelle il affronte son adversaire anglais, le HMS Delinka. Le défi technique est majeur, puisqu'il s'agit de mettre au point des mécanismes LEGO suffisamment puissants pour tirer le poids des navires, et suffisamment rapides pour ne pas ennuyer le public, mais ce point sera l'objet d'un autre article.

L'Archiviste écumera pendant deux années entières les salons de modélisme et les expositions dont FREELUG est l'invité. Entièrement paré, il ne compte pas moins de 23 voiles dont 12 dotées d'un système de filins et de brasses qui leur permettent de se replier et de se déplier à volonté. Armé de 44 canons en batterie, il se dote aussi d'un chariot motorisé pour le mener sur les batailles navales.

L'intérêt d'en avoir laissé la coque vide, qui n'était pas vraiment pensée au tout début, a pris tout son sens lorsque la possibilité a été envisagée, d'installer de la lumière dans les canons. Quelques chenillards commandés sur internet, de la bricole, et le tour était joué. Une fois désossé, l'Archiviste a pu intégrer quelques mètres de câbles électriques et des composants électroniques destinés à synchroniser l'allumage en rythme des leds placées dans les canons. Ce n'est plus du LEGO, mais le résultat garantit le spectacle à coup sûr.

Sur cette photo apparaît également l'enceinte installée sous le poste de pilotage. Reliée à une prise jack qui sort au niveau du grand mât, elle peut être connectée à un balladeur pour mettre de la musique et des bruitages sur les expos. Pirates des Caraïbes, Master & Commander, coups de canons, son de la mer et chant des mouettes, il y en a pour toutes les ambiances !

En même temps, les ampoules LEGO qui éclairaient les cabines du château arrière, ont été remplacées par des leds électroniques, et d'autres ont été ajoutées dans les fanals.

Après un peu plus de deux années sur les expositions qui ont vu une évolution considérable de mes techniques de construction et de mes innovations navales, l'Archiviste accuse la vieillesse et de graves problèmes structurels, tant au niveau du pont comme de la mâture. La décision est donc prise de le démanteler à Noël 2012, après sa dernière expo à Plumelec, où il aura figué sans participer à la bataille navale. Ces toutes dernières photos de sa proue et de ston tableau de poupe, rendent hommage à son incroyable combativité, car il serait difficile de totaliser le nombre de sorties en expo qu'il a réalisé, dans la mesure où c'est à tous mes déplacements qu'il a participés. Enfin je crois que ça en ferait une quinzaine.

Finalement, sa dépouille et ses composants électronique encombrent mon atelier pour peu de temps, car mon chantier naval se consacre désormais à recycler sa carcasse pour concevoir un nouveau navire de plus grandes dimensions pour le remplacer.